Cette disponibilité lui permet de se livrer à des improvisations, à de véritables découvertes. Dans ce périple artistique, le paysage est essentiel: collines, vallons, plateaux, plaines, lacs, rivières et fleuves se succèdent. L’artiste dit que dans ce voyage, c’est le ciel qui a retenu toute son attention. Les photographies prises le long de la route se focalisent sur des portions de ciel d’une grande variété: nuageux, clair, menaçant, en mouvement, en déplacement, comme elle. A son retour dans son atelier zurichois, Christine Mühlberger a choisi 300 clichés qu’elle a imprimés sur du papier à dessin. Après la prise d’images pendant la marche, la deuxième phase du travail artistique commence. A partir de chaque photo, elle réalise un dessin rapide au fusain. Il s’agit de constituer une sorte de journal de bord en images. Ensuite elle intervient sur la photographie elle-même à l’aide d’une craie noire grasse et imprime cette image sur un nouveau support A4. Les monotypes obtenus sont des témoins, des souvenirs avec leurs lignes presque effacées, mais conservant l’essentiel des espaces. Dans un troisième temps, elle dessine et peint directement sur la photo originale utilisant craies de couleurs, craie blanche et cire.
Ces trois étapes documentent et racontent chacune à leur manière le voyage. «La relation au paysage est toujours une affectivité à l’oeuvre avant d’être un regard. Chaque lieu manifeste ainsi un feuilletage de sentiments différents selon les individus qui s’en approchent et l’humeur du moment. Chaque espace est en puissance de révélations multiples, c’est pourquoi aucune exploration ne l’épuise jamais.» David Le Breton, Marcher. Eloge des chemins de la lenteur, 2012.
Eléments biographiques
Christine Mühlberger a passé son enfance en Valais. Elle a suivi des études artistiques à Sion, à Munich et à New York. Elle a réalisé des projets artistiques au Brésil, en Italie, en Grèce, en Islande, en Inde et au Japon. Elle s’intéresse au paysage et au Land Art qu’elle a pratiqué. Depuis 1995, elle vit à Zurich.